J’ai testé pour vous, le business trip à Jakarta
Il y’a une semaine tout pile, j’étais en plein préparatifs (à savoir, je me battais avec mon fer à repasser et je faisais et défaisais frénétiquement ma valise) pour un voyage en coup-de-vent à Jakarta, pour le travail. Jakarta, c’est pas la destination qui vend le plus de rêve parmi mes collègues (ce n’est qu’à 1h20 d’avion de Singapour, donc on perd la prime “exotisme”, mais on gagne par contre le bonus “bouchons et embouteillages monstres“), mais moi j’étais excitée comme une puce, parce que pour la première fois de ma vie, je partais en business trip (#adulting, doit-on s’en réjouir, c’est un autre débat) et aussi, probablement parce que j’ai commencé à développer une sorte d’affection pour l’Indonésie (cf. mon voyage à Bali, où j’ai d’ailleurs pris la photo de couverture de cet article… #onnousment). Sans compter que quand j’étais petite, mon père partait tous les mois en voyage d’affaires et avait notamment voyagé à Jakarta. Je suis déjà allée à Hong Kong, et j’ai habité à Shanghai et maintenant à Singapour, où il s’était aussi rendu, mais aller en vacances ou étudier / s’installer quelque part, ce n’est pas la même expérience que le voyage express de quelques jours. Là, ça devenait comparable – à la différence que près de 20 ans doivent séparer nos voyages, et la ville a certainement complètement changé. Enfin tout ça pour dire que je partais en business trip, et quelque part, je réalisais un rêve de petite fille (ok, j’avais peut-être des rêves bizarres quand j’étais enfant, et je passe sur les jeux de “alors j’habite dans un autre pays et quand je parle tu comprendras pas ce que je dis, donc on cherchera les mots dans le dictionnaire” et mes rêves de carrière de journaliste pour Géo.. ou Air France Magazine… quelque part, j’étais destinée à être bloggueuse travel & lifestyle, mais personne ne savait que ce métier existerait plus tard – bref c’est une autre histoire, je ferme cette longue parenthèse).
Mercredi matin, à 4h30, j’ai donc sauté du lit avec des yeux comme des soucoupes. L’énergie du manque de sommeil et de l’impatience coulait dans mes veines. Et du stress, aussi, d’une part parce que je suis une grande stressée de nature, d’autre part parce que je voyageais avec le big boss, et que j’allais devoir avoir l’air intelligente et présentable (en gros, pas question de roupiller dans l’avion la bouche ouverte et de me baver dessus, comme les autres fois où je prends le vol pas cher de 7h30..). La première étape du voyage s’est déroulée sans accroche : j’étais à l’heure (à noter d’une pierre blanche) quand la voiture est venue me chercher, on a récupéré sans problème les cartes d’embarquement, passé la sécurité sans que j’ai à vider le contenu de mon sac devant tout le monde, on est monté dans l’avion, je n’ai pas dormi et après s’être posé, à l’heure, à Jakarta, j’ai pu me changer rapidement dans les toilettes pour endosser mon look de working girl (oui parce que j’avais mis un t-shirt à manches longues Uniqlo pour 1) ne pas mourir de froid dans l’avion 2) ne pas froisser mon chemisier, et j’avais gardé mes lunettes pour le vol, afin de ne pas me brûler les yeux avec mes lentilles après seulement 4h de sommeil). Notre collègue de Jakarta nous attendait à l’aéroport, on monte dans la voiture, et c’est parti pour une heure de trajet pour arriver dans le centre-ville. Ce qui était plutôt une bonne nouvelle, finalement, parce qu’on m’avait dépeint une circulation tellement catastrophique que je pensais que nous mettrions deux fois plus de temps.
Vient le temps du déjeuner d’affaires, où l’on arrive avec 15 min de retard, ce qui est tout à fait honnête pour Jakarta. Pour notre premier rendez-vous, nos interlocuteurs nous ont fait poireauter 30 min, et n’avaient même pas l’excuse des bouchons, puisque c’est nous qui étions venus chez eux. Bref. On se rend dans un restau fusion réservé par nos collègues et les contrôles de sécurité à l’entrée (passage de portique obligatoire) donne tout de suite au lieu un petit air sélect (même s’il n’en est en fait rien, tous les bâtiments de la ville étant soumis aux contrôles de sécurité : miroirs sous les voitures, passages de portique..). En voyant arriver nos plats, je déplore de ne pas pouvoir faire une photo des lieux et de nos assiettes. Décidément, me dis-je, j’ai plus l’âme d’une bloggueuse que d’une business woman. Enfin. Le repas se conclut, et on repart pour une course de trois rendez-vous supplémentaires. Il est 20h quand je vais dîner avec ma collègue, je suis debout depuis 17h30 (il y’a une heure en moins à Jakarta qu’à Singapour, bien que la ville soit plus à l’est, autant dire que j’ai été perturbée quand la nuit est tombée une bonne heure plus tôt que d’habitude et que j’ai du faire d’une grande force mentale pour rester concentrée pendant la dernière réunion de la journée). Là encore, j’ai du me contrôler pour ne pas sortir mon portable de mon sac pour prendre des photos de la jolie déco du restaurant, et de nos plats, qui se sont révélés aussi bons que beaux.
A défaut d’avoir mes photos, je reprends celles du restau.. Et pour info, la petite assiette ronde au milieu, avec les crackers, c’est le tartare de thon, qui est fort bon.
A 22h30, j’étais de retour à mon hôtel. Après une ultime tentative de repassage de mon pantalon carotte que j’avais prévu de porter le lendemain et un rapide check de ma boîte mail, j’ai comaté 40 min dans mon bain (bouh l’empreinte écologique, mais bon, déjà que je n’allais pas profiter du spa (!) et de la piscine, j’allais pas non plus bouder ma baignoire) et puis je me suis effondrée dans mon lit. Je comprenais pourquoi quand j’avais 10 ans et que je questionnais mon père de retour de Bangkok “alors tu as vu le marché flottant ?” il me répondait “non” d’une voix blasée. Et pourquoi il mangeait des steaks (voire des McDo !) où qu’il aille, ce que je ne trouvais pas du tout original. Maintenant je me mets à la place des collègues du bureau local, qui réservent les déjeuners du big boss en business trip, et doivent prévoir quelque chose de 1) rapide, 2) pratique en terme d’emplacement, 3) qui convienne à tous les palais, 4) qui ne risque pas de déclencher une intoxication alimentaire. Le steak frites devient finalement une bonne option.
L’incroyable Lara Djongrang (princesse de la mythologie de Java), aux couleurs vives, statues de Bouddhas et feuillages touffus où je me suis régalée au dîner.
Le lendemain, la journée s’est ouverte sur un petit-déjeuner d’hôtel. Que j’ai pris en compagnie de mon N+2, donc là encore, pas question de me bâffrer ou de documenter le repas sur mes stories Instagram. Pourtant, le potentiel était là. Outre le classique stand d’omelettes et charcuteries/saumon fumé, il y avait également un stand de pains et viennoiseries, un stand de congee (une sorte de porridge de riz chinois, que je n’aime vraiment pas, mais les goûts les couleurs,..), un stand de pâtes/ramen, un stand de gâteaux indonésiens, un stand de pseudo-dim-sum, et un stand de sushis (pour le petit-déjeuner, oui oui). Ne pouvant passer la matinée à table, ne souhaitant pas passer pour un ventre sur pattes et ayant déjà pris un pain ramollo au stand des omelettes (n’ayant pas vu, en arrivant, les autres stands, puisque la très grande salle du restaurant était séparée en 6 à 10 espaces par des sortes de petites cloisons qui cachaient les stands), je me suis limitée à un croissant et une petite tranchette de kueh lapis (un gâteau un peu mille-feuille dans l’idée mais mou et aérien que l’on trouve en Indonésie, à Singapour et en Malaisie, originaire des Pays-Bas) aux pépites de chocolat. C’était à la limite du too-much et j’étais ravie. On enchaîne ensuite un séminaire, déjeuner sur le pouce, un rendez-vous et notre second rendez-vous de l’après-midi ayant été annulé à la dernière minute, on prend la direction de l’aéroport. Cette fois, le trajet prend presque 2h (soit plus que le temps que met l’avion pour effectuer la liaison Jakarta – Singapour !). Après avoir embarqué, on attend encore près de 2h dans l’avion pour d’obscures raisons (le pilote parle de mauvaises conditions climatiques à Singapour, mais je soupçonne plutôt un encombrement de l’espace aérien alors que se termine le sommet de l’ASEAN dans la cité-Etat et que toutes les délégations doivent rentrer chez elles…). On arrive à 22h à Singapour, j’apprécie de faire le trajet aéroport-appartement en moins de 30 minutes et suis accueillie par mes collocs déçus que je n’ai pas pris le temps de ramener des goodies (où plutôt de faire des provisions, ayant été plus ou moins officiellement mandatée de ramener des boîtes de Bakmi MG -des nouilles avec leurs boulettes de viande, grand classique sino-indonésien et nom d’une chaîne de restaurants/fast foods dédiés à ces fameuses nouilles).
Retour classique de business trip, en somme.
Le monument national, sur la Place Merdeka (“l’Indépendance” en… Malais, puisque le malais est devenu la langue nationale ‘Bahasa indonesia’ après l’indépendance, afin de donner une langue commune aux différents peuples qui habitent les 17 000 constituant le pays !).
Je l’ai vu depuis la voiture, depuis les tours où nous avions rendez-vous, mais jamais depuis la place elle-même !